Phytothérapie médicaments à base de Plantes Médicinales

Aujourdʼhui, la thérapeutique continue de recourir aux plantes de deux façons :

1. Pour lʼextraction industrielle de substances naturelles pures, destinées le plus souvent à des indications thérapeutiques majeures : prise en charge de la douleur (morphine), traitement des cancers (paclitaxel, vinblastine), traitement du paludisme (artémisinine), etc.

2. En nature ou sous la forme de médications familiales simples ou plus innovantes (poudres, extraits, etc.), généralement utilisées dans les pathologies mineures ou en thérapeutique dʼappoint : cʼest le champ  actuel de la phytothérapie. “ Médecine douce ” pour les uns, “ placébothérapie ” pour les autres, elle connaît un large succès. Après évaluation clinique, et sous réserve que la balance bénéfices-risques soit favorable, divers médicaments de phytothérapie constituent une possibilité parmi dʼautres de prise en charge de certaines de ces pathologies du quotidien.

En France, les médicaments à base de plantes bénéficient depuis les années 1980
dʼune Autorisation de mise sur le marché (AMM) dite “ allégée ” qui donne au consommateur des garanties de qualité et dʼinnocuité.
Cette AMM est délivrée sur
la base dʼun dossier de demande qui, pour 192 plantes dʼusage bien établi figurant sur une liste positive, peut être abrégé (en particulier exempt de tout ou partie des essais pharmaco-toxico-cliniques).
Ces médicaments à base de plantes sont conçus pour être utilisés sans intervention dʼun médecin et pour être administrés selon un dosage et une posologie spécifiée, par voie orale, externe, ou par inhalation.
Lʼindication
thérapeutique, rigoureusement libellée, doit être précédée de la mention « traditionnellement utilisé dans » pour attester du fait que ces indications nʼont pas été rigoureusement démontrées.
Depuis une directive européenne de 2004 (2004/24/CE), la procédure simplifiée est devenue un « enregistrement de l'usage traditionnel ».
La transposition de la
Directive élargit la procédure à lʼensemble des médicaments traditionnels à base de plantes. La même Directive a créé, au sein de lʼAgence européenne du médicament, un Comité européen des médicaments à base de plantes (HMPC) qui élabore des monographies destinées à faciliter lʼobtention des enregistrements.
Ces documents, soumis à débat public avant adoption, sont consultables en ligne : ils constituent des documents de référence pour tout lecteur intéressé par les plantes médicinales.
Utilisation médicinale des plantes : une vieille histoire
On a trouvé la trace de lʼutilisation des plantes 5 000 ans av. J.-C. en Chine. En Mésopotamie et en Égypte, tablettes cunéiformes et papyrus témoignent du recours aux plantes.
Dans le monde occidental, les observations cliniques des
effets des plantes par Hippocrate marquèrent l'intérêt pour ces remèdes.
De siècle
en siècle, Théophraste, Aristote puis Pline l'Ancien et Dioscoride approfondirent la connaissance des plantes et de leurs propriétés.
Lʼouvrage de Dioscoride
(1er siècle av. J.-C.) — le “ De materia medica ”— décrit plus de cinq cents plantes et leur utilisation : il restera une référence jusquʼau xviii siècle.
Il en sera de même
des travaux de Galien, médecin de Marc-Aurèle, considéré comme le fondateur de la pharmacie.
Par la suite, le développement des routes commerciales vers lʼInde
et lʼAsie, aussi bien que la diffusion de la culture arabe, enrichirent lʼarsenal thérapeutique végétal.
La découverte du Nouveau-Monde et de la richesse de sa
flore eut une incidence forte tant sur lʼalimentation (pomme de terre, tomate, maïs, etc.) que sur la pharmacopée (ipéca, quinquinas, baumes, etc.).
Après les progrès fulgurants de la botanique systématique (Carl von Linné, Jussieu et beaucoup dʼautres) vint lʼheure de la première édition de la Pharmacopée française (1818) et le règne des chimistes qui isolèrent une série impressionnante de molécules : morphine (1817), codéine (1832), acide salicylique et, dans la seconde moitié du xix siècle : quinine, strychnine, colchicine, cocaïne, ésérine.
Les progrès de la physiologie, puis de la pharmacologie, permirent de comprendre les mécanismes dʼaction de ces substances naturelles.
Depuis quelques
décennies, la compréhension des relations qui existent entre la structure d'une molécule et son activité biologique permet la conception et la fabrication de médicaments synthétiques aux performances améliorées ou aux effets indésirables mieux contrôlés.
Aujourdʼhui, des inventaires systématiques, des enquêtes ethnobotaniques, lʼextension de la recherche aux champignons — ce sont eux qui produisent les antibiotiques — et aux innombrables organismes marins, ainsi que des moyens puissants (criblage à haut débit), permettent de sélectionner des substances qui, pour certaines, deviennent (ou deviendront) des médicaments, révèlent des mécanismes dʼaction originaux, ouvrent de nouvelles voies de synthèse.
Dérivés
de lʼartémisinine, paclitaxel, docétaxel, ixabépilone, etc. témoignent de cet apport majeur des substances naturelles à la thérapeutique.
Parallèlement,
lʼapprofondissement de la connaissance des plantes dʼusage traditionnel, tout comme l'amélioration des techniques de production et de contrôle, améliorent leurs qualités.
L'évaluation clinique de leurs effets permet de mieux cerner ce quʼelles
peuvent apporter à lʼarsenal thérapeutique, au prix d'un risque généralement limité.